Malgré la grisaille et la fraicheur de samedi matin, des châtelleraudais sont venus rendre hommage à l’homme en bleu. Ce cycliste emblématique a été blessé mortellement sur la route le 8 novembre dernier près de Limoges. Notre association d’usagers ‘”A vélo Châtellerault” avait lancé l’initiative du rassemblement il y a quelques jours faisant suite à celle de Veli-velo à Limoges. La Nouvelle-République rend compte de l’évènement ce matin dans un article.

Une prise de parole et une minute de silence en hommage à Jean-Marc Chatard

L’équipe d'”à vélo châtellerault” a pris la parole pour rendre hommage à Jean_Marc Chatard et à tous les cyclistes victimes de collisions. Il n’y a jamais eu autant de cyclistes tués dans les rues et sur la route (cf sécurité routière).

Voici notre déclaration :

“Nous représentons l’association d’usagers à vélo Châtellerault. Nous vous remercions d’être venu aujourd’hui pour cet hommage à l’homme en bleu.

Il se nommait Jean-Marc Chatard. Ancien maçon, Il avait depuis toujours plaisir à se déplacer à vélo dans la campagne autour de Limoges. Vendredi 8 novembre il a été heurté par un automobiliste par l’arrière. Il est décédé le lendemain. Il avait 74 ans.

Nous sommes Paul mort à vélo à Paris. Nous sommes Jean-Marc blessé mortellement sur la D979. Nous sommes tous les cyclistes anonymes blessés sur la route et dans les rues. Les années noires se succèdent pour les personnes à vélo. La sécurité routière dénombre 240 cyclistes morts en 12 mois, soit une hausse de 28%.

Nous sommes fragiles à vélo. C’est pourquoi Il faut agir et protéger les cyclistes. Il serait inutile de renvoyer dos à dos automobilistes et cyclistes. D’ailleurs nous sommes nombreux ici à nous servir de ces deux moyens de transport. On voit sur les routes des comportements dangereux. Les altercations restent rares, c’est davantage la négligence et le manque d’attention qui tue.

Nous sommes de plus en plus nombreux à nous déplacer à bicyclette. On y trouve de nombreux avantages et notre société aussi. Il reste à adapter l’espace public et les rapports entre usagers à cette nouvelle donne.

  • Cela passe par des aménagements cyclables
  • Cela passe par le balisage d’itinéraires vélo
  • Cela passe par de la régulation de vitesse
  • Cela passe par de l’éducation, celle des cyclistes et celle des automobilistes
  • Cela passe par la clarification des règles routières
  • Cela passe part de la communication afin les aménagements de voirie soient compris et acceptés par tous.
  • Cela passe par un travail de police afin que les comportements dangereux ne soient pas laissés en friche
  • Cela passe par un travail de justice.

Nous en avons sans doute oublié. Une mission gouvernementale travaille sur le sujet.
 Nous souhaitons que ce soit l’occasion d’un projet ambitieux et opérationnel sur la sécurité routière. Nous souhaitons qu’il implique les représentants d’usagers.

En cette heure de restrictions budgétaires, nous ne pouvons pas faire l’économie de la sécurité routière des plus fragiles. Nous demandons à l’ETAT de tenir ses engagements et de donner aux collectivités les moyens de mettre en place la sécurité des cyclistes.

Pour terminer nous avons une pensée pour les familles des personnes tuées sur la route qui restent dans une peine insoluble. Nous vous proposons une minute de silence afin de rendre hommage à Jean-Marc plus connu sous le nom de l’homme en bleu.

Merci à vous

Les participants au rassemblement en témoignent, nous sommes fragiles à vélo

Ils ont à leur tour apporté leurs témoignages. Parmi eux, Monique, 94 ans cycliste chevronnée et adhérente de l’association, : “J’ai été renversée, une fois sur un rond-point, par un véhicule marqué “don du sang”. Je suis tombée sur mon guidon. J’ai eu des côtes fracturées”.

Nous sommes fragiles à vélo, en cas de collisions, ce sont les personnes à vélo qui sont en danger. La vitesse et le poids de plus en plus important des véhicules motorisés ne laissant aucune chance aux personnes à bicyclette. Le port du casque et d’un gilet fluorescent ne suffisent pas à protéger les cyclistes. Des aménagements sécurisés sont nécessaires et c’est toute une politique de la sécurité routière qu’il faut transformer.

Il est nécessaire que chacun comprenne les enjeux de la conduite, les risques qu’il prend et les dangers qu’il fait courir aux autres et à lui même. L’objectif est de prendre en compte les autres usagers dans un comportement empathique. Percevoir les autres et adapter sa conduite en fonction des situations n’est pas naturel c’est le fruit d’un apprentissage.

Un travail de fond devrait être mené à ce sujet par les différents acteurs de la chaîne sécurité. Les différentes catégories d’usagers, les différentes générations qui partagent la rue méritent d’être informées, sensibilisées, formées, alertées et sanctionnées lorsque cela est nécessaire. Les comportements sécurisés doivent être compris et partagés par tous.

Il est temps d’agir pour la sécurité des usagers vulnérables

Les listes des usagers vulnérables blessés ou tués dans les rues et sur la route montre que nul n’est épargné. Les urbains, ceux qui vivent hors des villes, les femmes comme les hommes, les seniors comme les plus jeunes… nous sommes tous exposés aux risques lorsque nous sommes à vélo. Il est urgent de renforcer la sécurité des usagers vulnérables (cyclistes, piétons, utilisateurs de trottinettes…).

Compte tenu des enjeux, nous demandons au gouvernement de tenir ses engagements et de maintenir sa participation financière au PLAN VELO II. Hors des villes, les aménagements cyclables sont rares, tout reste à faire. Notre société ne peut pas faire l’économie de la sécurité des usagers vulnérables (cf communiqué collectif Vienne des usagers vélo).

Nous demandons aux collectivités du département de la Vienne (communes, EPCI, département) et à la région Nouvelle-Aquitaine de signer l’appel “Soutien plan Marche et vélo“.

Nous demandons aux députés et aux sénateurs de la Vienne de prendre position au cours des débats et des votes pour défendre la sécurité des usagers vulnérables et les moyens dévolus aux mobilités actives.

Nous demandons à la mission nationale pour la sécurité routière de s’engager avec détermination et de manière opérationnelle vers un objectif VISION ZERO. Il n’y pas de fatalité à voir progresser le nombre de cyclistes blessés avec la progression des mobilités actives. Outre manche, sollicités par les associations d’usagers, le Royaume-Uni a pris des mesures fortes telles que la hiérarchie des usagers (cf code de la route UK). Par ces actions, il a réduit le nombre de victimes.

La meilleure façon de rendre hommage à l’homme en bleu est d’agir pour mieux protéger les usagers vulnérables.