François est un grand gaillard bien charpenté de 46 ans. Du plus loin qu’il s’en souvienne, le vélo a toujours fait partie de sa vie. Il est à peine passé par la case « petites roulettes ». En effet, élevé dans un milieu rural, c’est sa grand-mère (sans permis de conduire et qui faisait donc tout à vélo) qui lui a appris à en faire. Adolescent, encore une fois puisque n’habitant pas « à la ville », le vélo rimait pour lui avec les mots « liberté » et « indépendance ». Aujourd’hui, François habite aux Métairies à 3 km de Cenon sur Vienne, en direction de Vouneuil, et il travaille dans une entreprise de la zone Nord de Châtellerault
Adepte du vélotaf qu’il a commencé il y a 10 ans, il réalise les 2/3 de ses trajets de son domicile à son lieu de travail grâce à un vélo à assistance électrique (VAE). Il parcourt ainsi 13 km à l’aller, 13 km au retour, — c.-à-d. pas moins de 26 km par jour, avec une traversée intégrale de Châtellerault. Quand on lui demande comment il voit ses déplacements à vélo, spontanément il répond que c’est un moyen de déplacement naturel et économique, qui présente pour lui un intérêt sur le plan de l’activité physique et psychologique. Sur le plan physique, c’est 1 h d’activité par jour ; donc un bon moyen de lutter contre la sédentarité en joignant l’utile à l’agréable. Et enfin, sur le plan psychologique, un bon moyen de faire le vide.
Qui a dit que le vélo n’est pas pratique …
Aux gens qui lui diraient que le vélo, ça n’est pas pratique, pas rapide, que c’est fatigant, etc. François, qui est un pragmatique, répondra que quelqu’un à vélo en milieu urbain se rend souvent aussi vite qu’une voiture d’un point A à un point B. En effet, on s’épargne beaucoup de contingences liées au trafic automobile dans un milieu plus dense : pas besoin de chercher une place de parking, NB : les sens interdits sont souvent permis aux cyclistes, on peut doubler par la piste cyclable toutes les voitures agglutinées à la queue leu leu, on connait assez vite des itinéraires plus directs et praticables à vélo.
Voilà pour ce qui est du milieu urbain. Pour ce qui est du milieu périurbain, sans aller aussi vite que la voiture, le VAE roule quand même jusqu’à 25 km sans effort, ce qui fait de cette solution un moyen de locomotion tout à fait pertinent pour les gens habitant dans un rayon de 10 à 15 km autour d’une ville. François ne compte plus le nombre de « pleins » de carburant que son VAE lui a fait économiser. D’ailleurs son vélo électrique, il l’a entièrement construit lui-même pour un budget d’environ 1000 €. Donc l’investissement est assez vite rentabilisé.
L’entretien du vélo n’a rien de compliqué, on l’apprend petit à petit
François a assez vite gagné en compétences en ce qui concerne l’art d’entretenir son propre vélo. Que ce soit son vélo électrique ou son vélo ordinaire. C’est un domaine dans lequel le champ des compétences à acquérir peut paraître important ; mais où assez vite, pas à pas, on apprend à gérer les choses et on gagne en assurance et en précision. Jusqu’au jour où on est capable d’assurer seul l’essentiel de l’entretien de son vélo. Après, bien sûr, il faut des compétences particulières pour entretenir un VAE, mais grâce à internet, en sachant trier le bon grain de l’ivraie, François a fini par trouver des renseignements et des conseils pertinents.
Comme tout utilisateur de VAE il reconnait que son talon d’Achille est bien sûr sa batterie. Avec une autonomie de 60 km, il trouve cependant que la situation est tout à fait gérable. Du coup, il recharge sa batterie tous les deux jours grosso modo : « C’est suffisant pour gérer les trajets sans avoir à recharger au boulot ». Alors, bien sûr, les batteries de VAE se recyclent, se changent : le VAE n’est pas bon à jeter au rebut quand sa batterie est obsolète. À noter que rapporté au prix total d’un VAE, sa batterie coûte environ 30 %.
Et si il pleut ?
Alors, bien sûr, sans mauvais jeu de mots, on peut toujours trouver un frein au fait d’intégrer un peu, voire beaucoup plus, le vélo à notre quotidien. Les gens évoquent souvent le facteur météorologique : le froid, la pluie, le vent, etc. Mais à ce sujet, il répond que « on trouve partout des équipements faciles d’usage type surpantalon, surchaussures, etc. qui font que vous arrivez au travail complètement sec. Et même les jours pluvieux il ne pleut pas toujours à torrents à l’instant T où vous enfourchez votre vélo. Souvent, en fait — selon l’expression consacrée, on passe entre les gouttes ».
Une dépendance à la voiture dont il aimerait s’affranchir
Pour ce qui est du transport de choses basiques type commissions, etc. des sacoches, un panier amovible fixé à l’avant du vélo, et même un sac à dos lui permettent en fait de gérer beaucoup plus de contenu qu’on pourrait supposer. François transporte même sa guitare à vélo. Non, souvent, le seul cas de figure où l’usage du vélo est remis en cause est bien sûr le transport de personnes — et qui plus est le transport de personnes avec bagages. Voilà un facteur plus déterminant que le facteur météorologique. A ceux qui hésitent à sauter le pas il propose : « d’essayer, ne serait-ce qu’une fois. Et si on veut tester un VAE, la location peut être une bonne option dans un premier temps ». La pratique régulière du vélo pour aller travailler ne lui est venue qu’avec le temps : d’abord deux fois par semaine, puis trois fois et enfin à chaque fois qu’il n’a pas à aller chercher sa fille au sport ou à l’école de cirque en rentrant du travail. D’ailleurs il envisage l’achat d’un « longtail » (un vélo cargo allongé) qui permet de transporter une personne ou deux enfants, et qui pourrait être utilisé ces jours-là.
Qu’est-ce qu’on attend pour faire une place aux vélos à la campagne ?
Son plus grand regret est que le vélo et son usage en campagne ne soient pas plus et mieux pris en compte car c’est parfois le niveau… zéro. C.-à-d. pas d’équipements, pas de praticabilité commode, sécurisée, etc. Rien parfois ne concourt, n’incite un(e) citoyen(ne), même de bonne volonté, à prendre un vélo. Tout est pensé pour et en fonction de la voiture. Pas de liaisons intercommunales bien pensées, pragmatiquement mises en œuvre. Mais François essaye d’œuvrer quotidiennement, à son échelle, avec bien d’autres, à faire en sorte que peu à peu les gens, les pouvoirs publics évoluent sur cette question.