Le jeune couple est arrivé sur la place de Châteauneuf au guidon de leurs vélos. L’un d’entre eux trainait derrière lui une petite remorque où était installé Célestin, leur jeune garçon. Il explore le muret où l’on s’est assis pour discuter. Ses parents disent qu’il aime les suivre, installé confortablement à l’arrière. La famille a emménagé récemment à Châtellerault où elle se déplace le plus souvent à bicyclette. Voici leur expérience à deux roues dans la ville et dans les communes voisines :
” Je m’appelle Agathe. Je suis à Châtellerault depuis deux ans et je bosse au lycée agricole de Thuré. J’y vais parfois en vélo. Je me donne comme objectif d’y aller deux fois par semaine. Avec le travail les journées sont courtes. Le parcours aller me prend une demi heure. En voiture je mets dix minutes. C’est possible à vélo mais la difficulté est de trouver le temps pour faire le trajet. Avec de l’organisation cela fonctionne bien. Il faut que j’arrive à m’organiser.
— Moi c’est Alexandre, cela fait un an que j’habite Châtellerault, je travaille à Mignaloux-Beauvoir dans une association qui accompagne les agriculteurs en BIO. C’est trop loin pour le vélotaf. Il y a beaucoup de circulation et peu de pistes cyclables sur les routes qui mènent de la gare de Poitiers à mon travail. L’intermobilité train-vélo est compliquée. Je cherche plutôt à limiter mes trajets en passant au télétravail quand c’est possible.
— Comme le montrent nos emplois dans l’agriculture, nous sommes sensibles à l’écologie. C’est la première motivation à nous déplacer à vélo. On fait l’un et l’autre du sport. Le vélo permet de se maintenir en forme. C’est facile, ça ne coûte rien, il suffit de pédaler.
En ville, nous préférons prendre les vélos
— Je trouve que la voiture c’est plus stressant. Il y toujours du monde, on est tendu en ville alors que le vélo c’est le moyen de prendre le temps. Lorsque je suis en télétravail, je prends le vélo pour aller chercher Célestin à la crèche. Je prends une demi-heure, c’est plus sympa aussi pour le bébé. Ça lui fait voir tout autour, il est à l’air libre.
— Oui avec la chaleur les voitures c’est des fournaises
— Nous logeons dans le centre ville de Châtellerault où nous circulons uniquement à vélo. Notre médecin est à Cenon-sur-Vienne, on y va aussi à vélo.
— On essaie de faire un maximum de trajets à vélo. Hier on a rendu visite à des amis à Antran on a pris les vélos. Ce matin je suis allé faire un tennis à Scorbé-Clairvaux, j’y suis allé à vélo, par la ligne verte c’est facile ajoute Alexandre
— Le week-end nous n’aimons pas prendre la voiture. La ville est bien aménagée. Il existe plusieurs voies vertes, vers Lencloitre ou Antran et Dangé Saint-Romain. On réserve la voiture pour le travail.
— A l’intérieur de la ville je ne vois pas l’intérêt de la voiture
— On ne va pas moins vite à vélo. Pour aller à la crèche qui est du côté de la Manu, je pense que je mets le même temps en vélo qu’en voiture.
La ville se prête bien au déplacement à vélo hormis quelques zones où il faut être vigilant
— Châtellerault ce n’est pas très grand, on peut facilement aller d’un point à l’autre. On ne ressent pas de crainte à circuler à vélo. Le seul danger que j’ai rencontré c’est avec une trottinette. Sur les voies cyclables on ne les entend pas arriver. Cela a failli me couter une chute. Hormis quelques exceptions, la majorité des automobilistes respecte les vélos.
— Il faut faire attention autour du rond-point à l’extrémité du boulevard Blossac près de la Poste. Il y a beaucoup de circulation, les gens sont parfois énervés. Certaines voitures arrivent à toute berzingue. Elles peuvent vous couper la route pour tourner même quand vous avez indiqué que vous continuiez autour du rond-point. On a ajouté des rétroviseurs sur les vélos pour voir à l’arrière.
— Je n’aime pas passer par le pont Camille de Hogues. Il est étroit et il y beaucoup de trafic. C’est bien plus agréable sur le pont Henri IV qui vient de rouvrir avec deux voies cyclables.
— Pour le reste c’est plutôt bien on se sent en sécurité.
— Par rapport à ce que l’on vu ailleurs, on trouve que c’est agréable de circuler à vélo à Châtellerault. Il y a des villes ou il n’y a encore rien du tout. La ville est souvent plate, elle se prête au vélo.
Comment faire du vélo avec un bébé ?
— On s’est équipé d’une remorque pour emmener le bébé à bicyclette. Il nous suit à l’arrière c’est génial. Il est possible d’aménager un hamac à l’intérieur. Ça nous a permis de nous en servir un mois après sa naissance jusqu’à ses un an. On pourra continuer à l’utiliser jusqu’à ce qu’il ai six ans. La remorque est bien conçue on ne sent pas le poids à l’arrière.
— C’est un modèle qui peut être transformé en poussette et qui peut recevoir aussi nos bagages. Nous pouvons partir en pique-nique en famille avec la remorque. On trouve des équipements de ce type d’occasion sur le “le Bon Coin“, c’est accessible.
— En ville on l’accroche facilement, c’est vraiment bien fait. Notre garçon n’a pas peur, il se trouve bien à l’intérieur. Il regarde le paysage ou il dort quand il est fatigué.
— On ne l’entend pas. Il a été habitué à ce mode déplacement, pour lui c’est normal. Avec la remorque c’est plus sécurisant.
— Nous avons aussi acheté un porte bébé, mais ça tient moins bien. On voit la différence. Hier soir j’ai failli tomber quand un autre vélo m’est passé devant. La charrette est équipé d’un ressort qui évite qu’elle se retourne quand on chute à vélo. C’est plus sécurisé qu’un siège porte-bébé.
Aller à l’école à vélo
— A la Rochelle, où j’habitais avant, un groupe de mamans s’était organisé pour accompagner les enfants à vélo. Il y avait toujours quatre mamans encadrantes. Elles faisaient un roulement.
— Il n’y avait pas de papas ?
— Pas au début en tout cas. L’idée était venue des mamans. Avec cette initiative, d’autres parents laissaient leurs petits aller à l’école à vélo.
— Pour l’instant ici on est les seuls à venir à la crèche à vélo.
— A l’école primaire, j’en vois quelques uns. Mais ils sont peu nombreux.
— Quand on dit autour de nous ce que l’on fait à vélo, les gens sont souvent surpris. C’est encore inhabituel.
Comment circuler avec une remorque à l’arrière
— Les infrastructures cyclables ne sont pas toujours adaptées aux cyclistes qui trainent une remorque. Elles sont souvent trop étroites.
— On occupe une largeur plus importante que les cyclistes. Dans les petites rues ça bloque les voitures à l’arrière, j’ai parfois peur qu’un automobiliste énervé force le passage. Mais cela amène aussi les gens à respecter un intervalle plus important quand ils doublent.
— Hier on roulait sur la bande cyclable de l’avenue Louis Ripault. Ça passe tout juste avec la remorque, les voitures étaient gênées pour nous dépasser.
— En allant à Antran, on se trouve sur environ un kilomètre à pédaler au milieu du trafic automobile. C’est dommage qu’il n’y ait pas d’aménagement cyclable alors que la route vient d’être refaite.
Que faire pour amener davantage de personnes à se déplacer à vélo?
— La plupart des gens ont des vélos dans les garages. Certains ont perdu l’habitude d’en faire. Il devraient essayer de refaire des tours en ville à vélo, ils se rendraient compte combien c’est agréable.
— Les infrastructures permettent de se déplacer à vélo. Les raisons pour lesquelles certains n’en font pas sont sans doute psychologiques. Ils ne savent pas comment s’y remettre, tout seuls ils n’osent pas. Il faut peut être passer par des étapes d’initiation, ou par des balades pour commencer.
— Pour que les cyclistes viennent à bicyclette, les entreprises peuvent prévoir des aménagements. Il est désagréable d’arriver au travail en sueur. Si on dispose d’un espace pour prendre un douche et se changer à l’arrivée ça change tout.
— Je confirme quand je fais une demi-heure à vélo, je transpire. J’ai besoin de me changer.