J’ai croisé Karine sur la route en rentrant. Elle revenait du travail à vélo. Je lui ai demandé de me raconter comment elle en était venue à faire du vélotaf et ce que cela lui avait apporté.

On ne nait pas cycliste, on le devient

Cela ne fait que trois ou quatre ans que je vais au boulot à vélo. J’habite dans le bourg de Colombiers et je travaille à l’école Anne Franck de Naintré de l’autre côté de la colline. Je vais maintenant chaque matin au travail à vélo mais ça ne s’est pas fait du jour au lendemain. Au départ je n’étais absolument pas tournée vers la bicyclette. Ma motivation à changer était pour partie écologique, mais aussi économique.

Le début n’était pas évident. Je n’arrivais pas m’y tenir et j’alternais avec la voiture. La pluie, mon retard, des choses à emmener, je trouvais facilement une bonne raison pour ne pas me servir du vélo. Puis progressivement, ça a basculé de l’autre côté. C’est le bien être que me procurait le déplacement à vélo qui a fait pencher la balance. Petit à petit, j’y allais plus souvent à bicyclette. Maintenant je ne me sens pas bien quand je ne peux pas le faire.

Progressivement j’ai découvert d’autres plaisirs. J’ai appris à apprécier les odeurs qui changeaient avec les saisons. C’est fou, j’ai appris à aimer la pluie que je fuyais avant, tout comme j’aime maintenant la nuit. Au début je limitais mes trajets aux beaux jours. Maintenant je ne suis plus du tout gênée par la nuit. Je ressens le besoin de pédaler matin et soir. Cela m’offre un sas entre le travail et la maison.

Face aux côtes le VAE change la donne

La distance est de six kilomètres avec une belle côté à gravir dès le départ. Pour moi qui n’est pas une adepte du vélo, c’est un effort pénible sur un vélo classique. Pour cette raison j’ai acheté un vélo électrique et ça change tout. Cela me correspond parfaitement et je me suis rendue compte que j’allais vite. Alors que je mettais six minutes en voiture, il me faut douze minutes en VAE. Même si c’est le double qu’avant, c’est au final très peu de temps par rapport à ce que ça m’apporte. J’ai essayé avec un vélo classique, ça passe à une demi-heure. Cela devient trop long et cela me demande trop d’effort avec les dénivelés. Décidément avec le VAE, c’est super.

Le côté écologique et économique du déplacement à vélo n’est pas suffisant. C’est surtout le plaisir que cela procure qui motive à passer au vélo. Les gens n’en ont pas toujours conscience. La démarche écologique peut laisser croire que c’est fastidieux alors qu’en réalité c’est le contraire. Aujourd’hui sur le chemin du retour je suis passée à la pharmacie puis à Intermarché. A vélo c’est tout de suite plus pratique, on s’arrête juste à côté, pas besoin de chercher une place où se garer.

Les plaisirs du vélotaf

Mes collègues sont surprises de me voir arriver avec mes joues rouges et un large sourire. C’est qu’à chaque fois le trajet est une expérience différente. En montant dans les bois je croise toutes sortes d’animaux sauvages, des chevreuils, des écureuils, un renard, parfois seulement une souris qui traverse devant mes roues. Je rencontre régulièrement un petit monsieur en promenade. Nous nous saluons mutuellement. Cette petite route communale est étroite mais le rapport avec les automobilistes est très respectueux, les gens restent derrière quand il n’y a pas le passage.

C’est différent quand je rejoins la descente sur la départementale où les voitures sont plus nombreuses et ça circule plus vite. Je n’ai jamais eu de problème mais le plaisir n’est pas du tout le même. Je prends aussi le vélo de temps à autres pour aller au centre équestre. La petite route du Rivalin est sympa tout comme celle qui mène à Scorbé-Clairvaux.

Adapter la voirie au partage de la route

J’ai essayé une fois d’aller à Châtellerault. Les voitures vont vite sur la route de la forêt. C’est tout de suite plus tendu. On pourrait aménager les petites routes pour sécuriser la circulation à vélo. J’ai vu partout en Bretagne des routes partagées où le marquage au sol matérialise une bande cyclable de chaque côté (chaussée à voie centrale banalisée ou chaucidou). Ça indique clairement aux automobilistes qu’ils doivent faire attention aux cyclistes en doublant.

Dans l’éducation nationale l’employeur prend en charge la moitié de coût de location d’un vélo. A Naintré j’ai pu bénéficier d’une prime mobilité pour l’achat du vélo électrique. (forfait mobilité secteur privé et secteur public)

L’expérience nous apprend comment nous équiper

Je n’ai pas de soucis particulier à vélo. Le seul point sur lequel il faut être vigilant c’est la charge de la batterie. Sans l’assistance je ne pourrais pas monter les côtes. J’adapte ma tenue aux saisons. L’hiver je mets un gros manteau chaud et imperméable au dessus de mes vêtements et des gants. L’été un coupe vent suffit. Je ne crains plus de rouler la nuit avec un bon éclairage et un gilet réfléchissant. Je pense être visible pour les voitures, mais je fais davantage attention avant de tourner. Au départ j’accélérais dès qu’il faisait noir alors maintenant je trouve plaisir à rouler la nuit. Les sensations et le plaisir évoluent avec l’expérience.

Comment on passe au vélo

En y repensant, je crois que c’est le fait de voir une collègue venir au travail à pied qui m’a amené à revoir mon mode de déplacement. Après m’avoir vue sauter le pas, à leur tour mes collègues se mettent à la bicyclette. Mon asem s’est fait offrir un VAE. Maintenant elle vient chaque jour à vélo. Elle habite près du travail et elle s’est rendue compte que c’était plus commode que de sortir chaque matin sa voiture du garage et d’ouvrir le portail. Son mari s’est acheté un vélo et ils ne prennent plus la voiture quand ils vont voir leurs copains le week-end. Une autre collègue a loué un vélibleu. Petit à petit cela se propage au travail.